Réalité virtuelle et scénographie : Simplifier la mise en oeuvre et le partage

Le VrToolsAframe est un plugin pour le logiciel Blender [1]. Il permet en quelques clics de texturer et de partager en réalité virtuelle un projet de scénographie modélisé en 3D.

1. Introduction
Pour présenter leurs projets scénographiques aux metteurs en scène, certains scénographes utilisent le dessin, d’autres les maquettes en volumes, ciseaux, carton plume, colle, scotch et gouache. D’autres modéliseront leur projet avec un logiciel 3D : structures, matières, couleurs et toiles peintes sont modélisées pour être ensuite présentées.

Les maquettes sont des documents de travail, elles permettent d’argumenter le dispositif auprès du metteur en scène. Elles ne sont en rien définitives et il est indispensable de pouvoir y intervenir à tout moment en fonction des besoins de la mise en scène et des contraintes techniques rencontrées. Les maquettes servent à communiquer plus facilement avec les constructeurs et les autres intervenants (lumière, son, projection, etc.). Elles doivent donc être précises et à l’échelle.

La maquette fournit une représentation symbolique de l’espace. Pour apprécier cette représentation, qu’elle soit en dessin, en volume ou en 3D, le metteur en scène doit faire œuvre d’abstraction pour comprendre l’espace et les circulations seulement représentés par une image ou un petit volume. Il en va ainsi de l’émotion que procure une œuvre picturale du Grand Siècle. Le metteur en scène, au-delà de l’abstraction et en observateur omniscient n’agit pas autrement lorsqu’il doit arbitrer entre l’artistique, la technique et le financier.

La réalité virtuelle immersive 3D propose de s’immerger complètement dans un espace scénographié à l’échelle 1:1 avant même de le construire. Elle permet de se confronter directement aux volumes réels, d’envisager les circulations et le rapport scène/salle. L’immersion est alors totale. Nul besoin ici de faire preuve d’abstraction,  le corps est à l’œuvre et transpire. L’émotion suscitée permet immédiatement d’apprécier la justesse de l’espace à valider en fonction des situations dramatiques. Avec la réalité virtuelle, il est possible de monter sur les praticables, d’apprécier la position d’un meuble ou d’une structure, d’aller dans la salle pour appréhender l’ensemble ou corriger une découverte. Le metteur en scène, les comédiens, les techniciens peuvent ainsi mieux comprendre l’espace en projet. Le public peut de chez lui, muni d’un casque, déjà circuler dans le décor. Les étudiants, les chercheurs et les journalistes visualisent déjà l’espace à commenter. En quelques clics, de nouvelles propositions d’espaces arrivent, les textures changent, les circulations se fluidifient au fur et à mesure du travail dramaturgique.

Mais qu’en est-il de la capacité technique pour un scénographe à mettre en réalité virtuelle sa maquette ou sa modélisation 3D de l’espace ? qu’en est-il du coût d’une telle mis en œuvre ? Qu’en est-il de la simplicité de partage des expériences avec le metteur en scène ? Qu’en est-il de la qualité des textures, des lumières dans un environnement virtuel ? Qu’en est-il de la compatibilité du système sur la plupart des casques du marché ? Qu’en est-il de de la pérennité et de l’archivage des scénographies conçues en réalité virtuelle?

Autant de problématique que le VrToolsAframe a tenté de résoudre.

2.Quels logiciels pour le scénographe ?
2.1.Les logiciels de modélisations 3D
Constatation est faite qu’aujourd’hui une bonne partie des scénographes conçoivent et présentent leur projet sous forme de maquette 3D. C’est le résultat des progrès réalisés par les logiciels de 3D et par les machines qui les font tourner, mais aussi par la formation initiale et continue.

La plupart des écoles de scénographies ont compris les bénéfices créatifs de la pratique de la 3D , elles dispensent aujourd’hui pratiquement toutes des cours de modélisation 3D :

  • L’École Nationale des Arts Décoratifs, secteur scénographie, enseigne Autocad et sketchup sur 4 années [2].
  • Sur la plaquette de présentation de L’École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre on peut lire : « A l’issue de trois années d’études, les scénographes possèdent la maîtrise de toutes les techniques et langages liés à la conception d’espaces scéniques pour le spectacle vivant // Ils ou elles ont aussi une bonne pratique des logiciels nécessaires à la modélisation d’un projet . » [3].
  • Sur le livret de présentation de L’École Nationale Supérieure d’Art et de Design de de Dijon, à la rubrique design d’espace et scénographie on peut lire : « Compétences développées : //Les outils de représentation (2D, 3D), à la main et logiciels (suite Adobe, Vectorwoks, Rhino) ». [4].
  • Pour les scénographes de spectacle en activité, la formation continue propose régulièrement des stages de modélisation 3D conventionnée par l’AFDAS:
    • Le Centre de Formation Professionnelle aux Techniques du Spectacle propose deux formations pour développer les compétences nécessaires à l’utilisation du logiciel Autocad en 2D et 3D. [5]
    • Le centre de formation continue Oliverdy propose d’acquérir les bases nécessaires du logiciel Vectorworks en 2D et 3D. [6]


    2.2. Les logiciels de mise en réalité virtuelle

    Mettre en réalité virtuelle une modélisation 3D va bien au-delà de la simple connaissance de l’outil informatique et de la maitrise d’un logiciel de 3D. La complexité des langages informatiques utilisés et les différents types de casques et leur navigation propre, demandent au scénographe d’acquérir diverses compétences très éloignées de son métier. Il devra choisir de rester scénographe ou devenir…

    2.2.1.      Devenir développeur
    Les constructeurs des différents casques de vr proposent des plateformes de développements pour mettre en réalité virtuelle ses modélisations 3D avec la possibilité d’y ajouter des interactions. Une fois validées par la plateforme, ces expériences de réalité virtuelle ne peuvent être consultées que par les utilisateurs de ladite plateforme. De sérieuses connaissances en programmation sont nécessaires.

    • Oculus. [7]
    • Vive. [8]
    • Microsoft mixed reality. [9]


    2.2.2      Devenir designer vr

    Il existe des logiciels propriétaires clé en main qui permettent selon leurs documentations de mettre en réalité virtuelle rapidement des modélisations 3D.

    TechViz, KubityPro, Sphere, sont parmi les meilleurs, mais leurs interfaces et fonctionnements sont inondés d’options que le scénographe n’utilisera jamais.

    2.3. Le VrToolsAframe : la simplification
    Le VrtoolsAframe propose de mettre à disposition du scénographe, une interface graphique aux fonctions simplifiées dédiées au seul métier de scénographe de spectacle en salle avec une option théâtre de rue. Ces fonctions permettent en quelques clics de mettre une modélisation 3D en réalité virtuelle dans un théâtre standard (Figure 1). Ce Plugin s’installe sur le Logiciel Blender [1], qui possède toutes les importations possibles de fichier 3D issues des principaux logiciels de modélisation 3D utilisés par les scénographes : (sketchup, 3dsmax, cinema4D, maya).menu pour le vrtoolsAframe de la réalité virtuelle

    Figure 1. Déplacement en réalité virtuelle dans le théatre standard du VrToolsAframe

    3.     Quels Budgets pour quels résultat ?
    3.1. Sous-traitance
    Faire appel à une entreprise spécialisée en Réalité virtuelle [10] ou à un développeur indépendant [11] pour mettre en Réalité virtuelle sa modélisation 3D peut, selon la complexité du projet, atteindre plusieurs milliers d’euros, sans compter qu’un projet de scénographie évolue au fur et à mesure des échanges entre le metteur en scène et le scénographe.

    3.2. Les logiciels propriétaires
    Le prix des logiciels de mise en réalité virtuelle de modélisation 3D outre leur complexité d’utilisation, va de quelques centaines d’euros à quelques milliers d’euros par an. [12].

    3.3. Les logiciels Open Source
    Les logiciels Open Source sont gratuits et reposent sur une communauté d’utilisateurs. Cette communauté, propre à chaque logiciel Open Source est à l’écoute des problèmes rencontrés par l’utilisateur, il est ainsi plus facile de trouver la solution à un problème. Le logiciel évolue en fonction des besoins et demandes des utilisateurs.

    Le VrToolsAframe est un plugin open source sous Creative Commons. [13] Il s’utilise avec le logiciel Open Source Blender [1], connu pour ses performances dans tous les domaines de la 3D.

    4.Partage et compatibilités
    La compatibilité des logiciels propriétaires avec la plupart des casques de réalité virtuelle sur le marché n’est pas forcément au rendez-vous. Ces logiciels s’arrangent pour créer des extensions propriétaires de leurs fichiers ou à différentier leur application, ce qui implique pour les utilisateurs d’installer à leur tour des « viewers » propres à chaque logiciel. Un metteur en scène, des comédiens ou le grand public auront quelques difficultés à suivre tel ou tel protocole d’installation d’une expérience vr sur son casque.

    Le VrToolsAframe utilise le webVr [14] et le Framework A-Frame [15]. Ces systèmes de mise en réalité virtuelle sont open source sous licence Creative Commons, ils sont gratuits, développés principalement par le Massachusetts Institute of Technology [16], et Mozilla [17]. Cette technologie intègre sur une page web du contenu compatible avec la plupart des casques de réalité virtuelle. Ainsi, tous les sites peuvent proposer une page écrite en webvr qui peut être consultée via les navigateurs Firefox, Edge ou Chrome. Une fois cette page chargée, vous pouvez basculer en réalité virtuelle dans le casque vr branché sur votre ordinateur en cliquant sur l’icône vr située en bas à droite de votre écran. L’expérience est bien sûr plus immersive si vous possédez un casque. Il faut alors simplement charger la page de l’expérience VR directement à partir du navigateur VR intégré à votre casque. Professeurs, journalistes, camarades, sponsors, publics peuvent de chez eux, munis d’un casque vr, circuler dans le décor conçu par le scénographe sans avoir besoin de télécharger ou d’installer quoi que ce soit, un simple lien html suffit. Consultée à l’autre bout du monde par de multiples internautes, une scénographie devient un espace partagé comme autant de possibles.

    5.Des textures en temps réel
    Le plus important dans la conception d’une scénographie c’est la façon d’organiser les structures et les circulations d’un espace en fonction des situations dramatiques voulues par le metteur en scène. Nous avons vu que le VrToolsAframe répond rapidement et en quelque clic à ce cahier des charges. Se pose maintenant le problème des textures et de l’ambiance générale. Le praticable est-il en bois ? clair, foncé, les huisseries sont-elles peintes ? et en quelles couleurs? Dans une scénographie, chaque matière, chaque couleur ramène du sens.

    Le VrToolsAframe propose une option qui permet de rendre en réalité virtuelle les textures souhaitées par le scénographe.

    En 3D, l’apparence d’un objet est conditionnée par sa forme (la modélisation), par la façon dont il renvoie la lumière (le matériau), par la matière dont il est fait (la texture), par son exposition (la lumière), par son cadrage.
    Lorsque vous créez un projet 3D sur l’écran de votre ordinateur vous pouvez obtenir un rendu très photo réaliste. Le calcul de ce rendu coûte énormément en ressources de votre processeur (CPU) et de votre carte graphique (GPU). Dans un casque de réalité virtuelle, lorsque vous tournez la tête par exemple, il faut afficher rapidement une succession d’images qui doivent donc se rafraichir et se calculer en temps réel. La vitesse de rafaîchissement des casques vr ne permet pas encore d’avoir les puissantes ressources dont disposent les ordinateurs. Il n’est donc pas encore possible d’obtenir la même qualité de rendu lorsque vous basculez votre modélisation 3D en réalité virtuelle. Mais il existe une alternative.

    On va faire ce qu’on appelle un “BAKE de texture”. En résumé, sur chaque objet, on va prendre une image calculée par le moteur de rendu avec tous les paramètres, ce qui va nous donner une image avec de belles ombres et de belles matières. Cette image, nous allons la “cuire” (bake) sur le dépliage de notre objet. L’étape suivante consistera à supprimer la texture d’origine de notre objet et venir lui plaquer dessus l’image “cuite”. Ainsi, l’objet aura à peu près le même rendu qu’il avait une fois introduit dans la réalité virtuelle seulement éclairée par une ambiance générale.

    bake de texture pour la réalité virtuelle
    Figure 2

    Le VrTollsAframe propose donc une série de menus (Figure2) susceptibles de “cuire “ les textures présentes sur la modélisation 3D d’une scénographie.

    6. L’archive : Au delà de l’abstraction
    Avec la réalité virtuelle, une autre forme d’abstraction s’incarne sur un plateau aux dimensions où les corps peuvent se mouvoir sans craindre l’erreur d’un matériau ou d’une cote mal taillée. La conception d’une scénographie en réalité virtuelle ne se satisfait pas de n’être qu’un nouvel outil en complément des autres outils existants comme le dessin, la maquette, la 3D. Elle fait œuvre et annonce des émotions nouvelles dans la compréhension d’un parti pris de mise en scène et d’impressions ressenties par les comédiens confrontés à l’espace.

    Cet espace et ses brouillons ainsi créés peuvent tout à loisir être archivés pour permettre aux universitaires, aux journalistes, aux metteurs en scène, d’apprécier en vraie grandeur le travail accompli par le passé. Le VrToolsAframe est l’outil idéal pour mettre rapidement en réalité virtuelle et archiver les scénographies passées. Ce qui ne manquera pas de rendre le théâtre un peu moins mortel.

    Olivier Borne

    Références

    [1Blender est un logiciel Open source http://www.blender.org

    [2]La plaquette de l’ensad est consultable sur : https://www.ensad.fr/sites/default/files/ensad-le-2015-2016-sceno.pdf.

    [3]La plaquette de L’ensatt est consultable sur : http://www.ensatt.fr/images/PDFplaquettes/Plaquette-Ensatt-18-fr-web.pdf.

    [4]La plaquette de l’ensa de Dijon est consultable sur : http://www.ensa-dijon.fr/wp-content/uploads/2018/10/ENSADijon-Livret2018-19_web-planches.pdf.

    [5]Les deux formations du CFPTS sont sur : https://formations.afdas.com/intermittents/stages-conventionnes/stages-techniques/copy5_of_cao-dao-2d-et-3d-sur-logiciel-autocad-session-2-session-2-session-2-session-2-session-2/98016 et https://formations.afdas.com/intermittents/stages-conventionnes/stages-techniques/cao-dao-3d-sur-logiciel-sketchup/224594.

    [6]La formation de la société Oliverdy : https://formations.afdas.com/intermittents/stages-conventionnes/stages-techniques/copy9_of_cao-dao-2d-3d-sur-logiciel-vectorworks-session-3-session-2-session-3/223318.

    [7]La plateforme d’Oculus est consultable sur : https://developer.oculus.com/

    [8]La plateforme de Vive est consultable sur : https://developer.vive.com/us/

    [9]Les casques de microsoft mixed reality construit par différentes marques (Acer, Asus, Dell Visor, HP, Lenovo, samsung) ont leur plateforme : https://developer.microsoft.com/en-us/mixed-reality.

    [10]Annuaire de prestataire de Réalité virtuelle : https://www.360natives.com/annuaire/

    [11]Annuaire de free lance graphiste VR : https://www.malt.fr/s/tags/realite-virtuelle-59ca86976e6c295df40aa515

    [12]Le logiciel sphère coute entre 1990 euros /an (https://sphereapp.io/fr/offres-realite-virtuelle/). Le logiciel Kubity pro coûte 390 euros /an (https://pro.kubity.com/pricing

    [13]Le site de Creative Commons est consultable  ici : https://creativecommons.org/licenses/?lang=fr-FR

    [14]Le webvr utilise une simple page html : https://www.realite-virtuelle.com/webvr-tout-savoir

    [15]A-frame est un framework open source : https://aframe.io/

    [16]Le MIT créateur du framework open source a-frame : https://opensource.org/licenses/MIT

    [17]Mozilla sous licence Creative Commons : https://www.mozilla.org/en-US/foundation/licensing/website-content/

La réalité virtuelle au service de l’enseignement de la scénographie.

La réalité virtuelle au service de l’enseignement de la scénographie.

La réalité virtuelle permet de mieux comprendre l’espace
Faute d’atelier de construction ou d’espace, la plupart des écoles de scénographies ne peuvent construire en vraie grandeur les scénographies que leurs étudiants conçoivent sur maquettes en volume ou en maquette 3D. Il est ainsi plus difficile de mettre à l’épreuve du plateau certains concepts séduisants. Circuler physiquement à l’intérieur d’un espace réel ou circuler mentalement à l’intérieur d’une maquette procure des sensations très différentes surtout à ceux et celles qui découvrent le métier de scénographe.

Circuler dans un espace en vraie grandeur.
La réalité virtuelle immersive 3D permet à moindres frais de circuler virtuellement en six degrés de liberté dans un espace à l’échelle 1 :1 conçut en 3D. L’étudiant peut ainsi très rapidement apprécier le rapport scène/salle, régler les découvertes, améliorer les circulations en fonctions des situations dramatiques voulues par le metteur en scène. Très tôt confronté dans son cursus à la réalité virtuelle, l’étudiant pourra dans sa vie professionnelle future l’utiliser couramment pour présenter ses projets.

Une application open source facile d’utilisation.
Le webvr est le système de réalité virtuelle le plus adapté aux étudiants. Ici nul besoin de connaître la programmation. Il intègre sur une page web du contenu compatible avec tous les casques de réalité virtuelle. Ainsi, tous les sites peuvent proposer une page écrite en webvr qui peut être consulté via les navigateurs Firefox ou chrome. Une fois cette page chargée, vous pouvez basculer en réalité virtuelle dans le casque vr branché sur votre ordinateur en cliquant sur l’icône vr située en bas à droite de votre écran. Il est également possible de charger la page de l’expérience VR directement à partir du navigateur VR intégré à votre casque. Pour exemple, vous trouverez sur cette page quelques une de mes scénographies mises en réalité virtuelle.

Un script pour mettre automatiquement les objets 3D en réalité virtuelle.
Le « VrToolsAframe » est un script qui va orienter vers des dossiers spécifiques chaque objet 3D modélisé par les étudiants avec leurs matériaux et textures ainsi que chaque surface de téléportation. Par la suite, un autre menu ira chercher dans chaque dossier ces différents éléments afin d’écrire une suite d’instruction en html et en javascript pour qu’ils puissent être lus par différents casques de réalité virtuelle. Ces objets 3D peuvent être générés à partir de n’importe quel logiciel de modélisation 3D qui exporte en Collada (.dae) et en .obj.

 le menu pour la réalité virtuelle pour l'enseignement de la scénographie

Une formation adaptée pour maitriser le workflow
La réalité virtuelle permet déjà d’augmenter significativement l’efficacité d’un certain nombre de présentations, qu’elles soient graphiques, architecturales ou scénographiques. Cette première partie fera découvrir aux stagiaires les différents outils et procédés existant sur le marché, notamment les expériences VR réalisées par le formateur Olivier Borne dans le cadre de son travail de scénographe.
La construction du projet VR passera d’abord par la création d’une scène 3D avec l’écriture en amont des circulations ou téléportations en différents lieux que l’on utilisera lors de l’expérience. Des notions de scénographie, de dramaturgie et d’usage seront dispensées pour optimiser les positions dans l’espace virtuel.

Un workflow simplifié
Le workflow utilisé dans cette formation utilise quelques lignes de scripts écrites en différents langages informatiques: javaScript, html, python, a-frame. Nul besoin de connaître ces langages, quelques explications suffiront à les comprendre pour les utiliser de manière récurrente et automatique sur tous les projets VR. Utilisation du script (addon) VRtoolsAframe du logiciel Blender pour faciliter la mise en réalité virtuelle des objets 3D. Le « baking des textures » des objets 3D est indispensable pour avoir un rendu en temps réel optimal une fois en immersion.

Ce script est sous Creative Commons Paternité (ou CC BY). Il vous sera adressé par mail sur simple demande.

Olivier Borne

Réalité virtuelle et scénographie : La maquette augmentée

Réalité virtuelle et scénographie

Pour présenter leur projet scénographique aux metteurs en scène, certains scénographes utilisent le dessin, d’autres les maquettes en volumes, ciseaux, carton plume, colle, scotch et gouache. D’autres modéliseront leur projet avec un logiciel 3D. Aujourd’hui réalité virtuelle et scénographie permettent au metteur en scène de circuler en immersion dans son futur décor. Il peut ainsi apprécier grandeur nature, les qualités et les défauts de la scénographie

Les maquettes sont des documents de travail, elles permettent d’argumenter le dispositif auprès du metteur en scène. Elles ne sont en rien définitives et il est indispensable de pouvoir y intervenir à tout moment en fonction des besoins de la mise en scène et des contraintes techniques rencontrées. Les maquettes servent à communiquer plus facilement avec les constructeurs et les autres intervenants (lumière, son, projection, etc.). Elles doivent donc être précises et à l’échelle.

Lorsque j’ai commencé mon métier de scénographe, je réalisais des maquettes en volumes pour présenter mes projets au metteur en scène ou au maitre d’ouvrage lorsqu’il s’agissait de commande publique. La fabrication d’une maquette est complexe et fastidieuse. Il faut découper des formes dans du carton plume, les assembler , les coller, les peindre. Une palette couleur, une palette matière et des échantillons des tissus employés sont également présentés en même temps que la maquette, car il est difficile de réaliser un matièrage et des tissus à l’échelle. Un tissu à l’échelle 1/20e n’a pas le même tombé qu’un tissu à l’échelle 1. Il est également difficile d’apprécier les irrégularités d’un matièrage à une petite échelle.

De nombreux scénographes réalisent encore des maquettes de ce type là et ils s’en sortent très bien. Les metteurs en scène peuvent préparer le placement de leurs comédiens avant même d’avoir le décor en réel.

Présenter son projet en 3D présente de nombre avantages. D’abord il est pratique d’envoyer instantanément par mail des images des différents points de vue de la maquette numérique. Les modifications sur une maquette en 3D se font sans tout casser, ce qui n’est forcément pas le cas pour les maquettes en volume. Les rendus 3D peuvent être très proches de ce qu’on obtiendra en vrai.

Une maquette augmentée

Je commence à présenter mes projets scénographiques aux metteurs en scène en conjuguant réalité virtuelle et scénographie. L’immersion dans leur futur décor est totale. Les metteurs en scène peuvent s’asseoir dans la salle, se positionner à différent endroit du plateau en fonction des situations dramatiques à venir, apprécier les volumes, anticiper les découvertes.

Réalité virtuelle et scénographie permettront aux prescripteurs culturels, programmateurs, producteurs, techniciens d’apprécier émotionnellement, le projet scénographique avant même qu’il ne soit construit.

Il est déjà possible avec certains casques de VR de déplacer ou de redimensionner des objets en direct d’essayer des rapports de couleurs ou de textures au sein de l’immersion. Réalité virtuelle et scénographie feront plus à l’avenir pour concevoir en direct dans l’espace virtuel.

Olivier Borne

Mode d’emploi et exemple

Pour apprécier l’expérience, il est préférable de télécharger le lien (ci-dessous) dans un casque Samsung Gear Vr et de se déplacer dans l’espace virtuel en positionnant le rond blanc sur les octoaedrons rouge pendant quelques secondes.
réalité virtuelle et scénographie du spectacle

 Visite virtuelle de la scénographie.

Released under the The MIT License.

 

L’élève, le théâtre et la 3D

Le théâtre et la scénographie en perspective virtuelle

Voici un article passionnant, pas très récent, de Madame Françoise Gomez, chargée d’une mission d’inspection générale pour le théâtre. Cet article est paru dans la revue du CNDP (Centre national de documentation pédagogique) n°58 de juin 2007 dans le cadre de dossiers de l’ingénierie éducative et parmi d’autres articles sur le numérique et la pédagogie.
“A l’heure du numérique : quelle place donner à la représentation virtuelle dans l’art théâtral ? Réflexion d’un point de vue technique et didactique d’une scénographe amenée à faire intervenir la 3D dans les mises en scène qu’elle accompagne.”

Télécharger l’article de Madame Françoise Gomez

Depuis 2007 les choses ont-elles évolué? la 3D s’est-elle inscrite durablement dans l’enseignement théâtral et sur les scènes nationales?
Dans l’histoire du théâtre en général et dans l’histoire de la scénographie en particulier, les progrès technologiques ont toujours mis de nombreuses années avant de trouver leur place dans l’espace dramatique.

Patience…

théâtre praticable de théâtre

Architecte et scénographe

Architecte et scénographe, “Le temps de l’usage, l’usage du temps”.

Là où le scénographe créer des espaces éphémères qui se transforment au fur et à mesure que le jeu dramatique avance, l’architecte tente d’installer des espaces de vie pérenne en parfaite adéquation avec l’usage d’un temps historique présent.

L’architecte se retrouve donc confronter à créer des espaces qui devraient anticiper les évolutions rapides de nos sociétés comme le scénographe anticipe sur la transformation dramatique de son décor, à ceci prés que lui a lu la pièce alors que l’architecte ne lisant pas dans l’avenir ne peut qu’imaginer, interpréter, les signes avant-coureurs de nos envies de toujours plus de conforts et d’espaces.

Le scénographe à besoin de notion d’architectures pour donner toute la cohérence historique et technologique aux volumes qu’il implante sur la scène. Il a également besoin d’avoir des notions de mise en oeuvre des matériaux, d’acquérir quelques notions de Résistance Des Matériaux (RDM). Il pourrait acquérir également quelques compétences dans l’utilisation de logiciel de modélisation 3D.

L’architecte à besoin de notion de dramaturgie pour dialoguer efficacement avec le Metteur en scène.  Il doit enrichir sa culture générale de littérature, d’opéra, de cinéma, de peinture, de sculpture. Il doit accepter de mettre la main à la pâte lorsqu’il doit dessiner les motifs des toiles peintes ou réaliser les plan de construction. Il doit accepter de diminuer ses honoraires lorsqu’il travaille sur des productions modestes.

Il n’y a donc pas à choisir entre architecte et scénographe ou scénographe et architecte pour concevoir et réaliser des décors de théâtre. Les deux métiers sont complémentaires, même si l’architecte-scénographe n’a pas besoin de connaître toutes les contraintes qu’impose la construction d’édifices ou de maisons particulières. Ces contraintes au fil du temps ont quelque peu bridé la créativité des architectes. Il n’existe pas à priori pour l’instant de diplôme obligatoire pour exercer le métier de scénographe alors que le métier d’architecte est strictement encadré. Il serait dommageable pour la profession de scénographe d’arriver au niveau des contraintes que subissent les architectes.

Bibliographie :

  • “Neufert”  – Direction Jean Michel Hoyet  – Éditions du Moniteur :
  • “Architecture, scénographie et décor de théâtre” J. GAULME Edition : Magnard
  • “Architecture et dramaturgie”, Ouvrage collectif
Edition : Editions d’aujourd’hui
  • “Scénographie nouvelle” J. POLIERI Place JM (dispo à la Librairie des Éditions AS)
  • “L’architecture théâtrale” D. BASDEVANT Édition La Documentation Française 1966
  • “André Acquart architecte de l’éphémère” Jean Chollet Éditions actes sud

Accessoires de théâtre

Les accessoires de théâtre : un prolongement de l’acteur

 

Les accessoires de théâtre, qu’ils soient figuratifs, symbolistes ou formels, constituent les prolongements indispensable à l’acteur. Lorsqu’il monte sur scène, un objet utilisé par les acteurs doit être en représentation. Se contenter de le reproduire tel qu’il existe dans la “vraie vie” diminue paradoxalement sa vraisemblance. L’accessoire de théâtre est le prolongement naturel du travail du scénographe qui ne se contente pas de copier les espaces du réel. Ainsi, pour concevoir un accessoire de théâtre, je m’attache à lui créer une nouvelle vraisemblance qui s’appuie sur sa fonction, son usage, son style.

accessoires de théâtre la poussette pour le spectacle Trois Soeurs
Prenons l’exemple d’une chaise,  communément, sa fonction est celle de s’asseoir, elle est identifiée au premier coup d’oeil, une assise, 4 pieds, un dossier. Son usage(défini par le metteur en scène) est bien plus large on peut monter dessus, s’en servir comme arme ou comme de défense, on peut jongler avec, la casser, bloquer une porte, etc.. . Son style est la forme qu’on lui donnera, en raccord avec le décor proposé par le scénographe, ce style peut être : historique, fantastique, original, absurde, bancal…
On pourra distinguer deux grands types d’accessoires de théâtre. Les accessoires images et les accessoires fonction. En effet pour rester dans l’exemple de la chaise, si vous décidez de la réaliser entièrement en mousse et qu’elle tienne malgré tout debout avec une patine bois par dessus, vue de la salle vous voyez une chaise. Cette chaise peut être considérée comme un accessoire image, car elle ne remplie pas les fonctions d’un chaise normal car lorsque le comédien voudra s’en servir, elle s’écroulera sous son poids.
Une fois bien défini la fonction, l’usage, le style, l’image, le travail de l’accessoiriste devient plus simple et l’acteur peut s’approprier l’accessoire de théâtre ainsi fabriquer, sans risque de jouer tout seul.

Le scénographe du vide

Le scénographe du vide : une économie de l’avant garde?

“Je peux prendre n’importe quel espace vide et l’appeler une scène. Quelqu’un traverse cet espace vide pendant que quelqu’un d’autre l’observe, et c’est suffisant pour que l’acte théâtral soit amorcé”. C’est ainsi que Peter Brook défini le commencement de l’acte théâtral.

J’envisage mon travail de scénographe du vide comme une tentative d’apporter un sens au vide. Le vide peut vite s’encombrer de petits riens. La circulation y devient alors difficile et éprouvante. Le vide a horreur de la nature. Vous vous êtes sans doute arrêté devant une pièce où vous avez vécu et qui vient d’être vidé pour un déménagement. Le sentiment de vide fait vite place aux souvenirs qui affluent, le lit agité, le bureau crayonné, la moquette arpentée, les fantômes de la bibliothèque des posters et autres bibelots retiennent un instant l’attention. Vous venez de remplir mentalement l’espace vide et vous vous y sentez bien. Nul besoin d’objets visibles pour vous souvenirs de ces circulations : de votre bureau au lit, du lit à la bibliothèque, de la bibliothèque au bureau, la pendule d’argent… l’espace s’est rempli d’une vie, d’une enfance, d’une rencontre, d’un lieu de vie. Cette pièce deviendra peut être une cuisine, une salle de bain, une chambre pour enfants, une salle de jeux, qu’importe, le vide sera sera rempli par d’autre, mais vous, vous , ce vide-là sera toujours plein de vous….

Mon travail de scénographe du vide me permet d’apprécier en priorité les « qualités du vide ». Ce vide, je tente de le remplir le mieux possible lorsque l’on s’adresse à moi pour un travail bien précis où la construction des espaces se doit de simplement rendre visible leur usage. Représenter une cuisine, une chambre, un salon comme dans la vraie vie peut vite dériver vers un naturalisme qui n’apporte rien aux situations dramatiques.
Ici, mon travail plastique s’attache, au contraire, à construire l’espace comme le comédien monte sur scène pour incarner un personnage.

scénographe du vide pour une scène épurée

Ainsi, la cuisine penche, la chambre est à l’envers, les murs dégoulinent de sueurs et d’effroi. Grossières illustrations, double effet de situations dramatiques déjà chargées? Peut-être… mais il est de bon ton de nous faire croire qu’un espace dramatique épuré constitue l’avant-garde d’une nouvelle qualité du vide alors qu’il n’est plus la plupart du temps que la simple conséquence d’une économie chagrine. Car enfin si Peter Brook prend soin de préciser à la fin de sa phrase : “que l’acte théâtral soit amorcé” , c’est que , certes, le simple fait de traverser un espace vide devant un spectateur peut créer une courte situation dramatique, mais qu’elle risque d’ennuyer si cela dure une heure et demie.

Peintre décorateur

Le peintre décorateur : complice ou concurrent du scénographe?

Le peintre décorateur intervient pour la réalisation des peintures grand format sur toile, tulles ou tapis de danse. Il réalise les patines, matièrages sur les différents éléments de décors.

1 – LA PEINTURE
La peinture permet d’habiller les structures qui s’opposent aux déplacements des comédiens. Elle amène de nouvelles informations sur la nature même des objets qu’elle recouvre. Une toile peinte située au lointain devient paysage, porte monumentale, brume évanescente. La peinture appartient à l’espace dramatique dans sa capacité à changer d’intensité en fonction de l’éclairage.

peintre décoratur en train de peindre pour le festival de loire
Peinture pour le festival de Loire réalisée par Ludmila Volf

La peinture est toujours constituée d’un pigment qui donne la couleur et d’un liant qui permet de fixer cette couleur sur les supports. Chaque type de liant sera choisi en fonction des matériaux à recouvrir. Il y a trois grands types de dosage liant/pigment:
La couleur en pâte:
Le liant sera  très épais et la densité de pigment plus importante de façon à ce que la couleur vienne complètement recouvrir le support.
Le jus :
C’est une couleur en pâte très diluée. cela permet d’apercevoir le support, les veines d’un bois par exemple.
Le lait :
C’est un  jus composé d’une forte proportion de Blanc.

 

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Peinture du tulle de The roots réalisée par Ludmila Volf

2 – LES PATINES

chanpignons
Patine de temps

Les patines sont le reflet du temps qui passe. Tous les systèmes complexes constitués tendent vers leur dégradation. Les patines vont nous permettre d’apprécier ces fractures du temps. La pluie, le soleil, les frottements, la pollution, les ombres, les traces participent à la vraisemblance d’une structure, d’un objet. Le peintre décorateur devra être attentif à comment certaines parties du décor sont exposées au temps et aux comédiens qui l’utilise.

 

rouille
Rouille réalisée sur du bois
3 – LES MATIÈRAGES
Au même titre que le texte dramatique, la matière peut être douce, rugueuse, agressive ou caressante. Le peintre décorateur intervient également sur le matièrage pour lui donner rythme, ombre et couleur.
Le matièrage est un traitement de surface pour les structures. Il permet d’apporter des informations supplémentaires sur ce que les structures représentent dramatiquement et plastiquement. Il peut être réalisé sur des châssis, sur des constructions et sur des rideaux. (enduit de façade, fond tourmenté, vieux plâtres, faux béton etc…)
Avant de commencer un matièrage grandeur nature, on aura préparé lors de la présentation de la maquette une palette matière qui servira de référence.
Pour le spectacle en salle, les spectateurs se trouvent à quelques mètres du plateau, il est alors facile d’imiter une matière grâce à des procédés de matières ou d’éclairages. Pour les arts de la rue et l’événementiel, où il n’y pas d’éclairages pendant le jour, il faudra faire en sorte que le spectateur y croit a une distance au moins égale à la longueur de son bras tendu.
La très grande proximité du spectateur impose une exigence particulière quand on veut jouer du naturalisme. Le spectateur ne dit pas qu’on s’y croit, il dit qu’on s’y croirait, comme si la magie du naturalisme ne prenait que de s’annoncer comme tour de passe-passe. Un matièrage réussi, c’est celui qu’on a envie de toucher, de gratter et de regarder à nouveau pour qu’alors soit convoquée une nouvelle vraisemblance.
Un travail avec l’éclairagiste devra être fait de manière a ce qu’il joue sur les différentes possibilités soit d’écraser (lumière de face) ou de révéler (rasant) le travail de matièrage.
Un matièrage de qualité attrape mieux la lumière qu’un à plat de peinture, il donne un semblant d’usure à l’objet, une vie. Les éléments de décor sont souvent regardés d’assez loin, il ne faut donc pas hésiter à renforcer les effets: une fourrure très rase donnera par exemple un effet soyeux, un moucheté de gros sables collés à la résine donnera le côté mat d’une roche…
Le matièrage est constitué par 3 éléments, le liant, la charge, le support,. On peut être amené à faire une patine de vie sur le matièrage.

Les charges
Si l’on veut que le matièrage corresponde à la réalité (vieux enduits, peinture écaillée, terre, béton, etc…) on pourra prendre pour base les enduits du bâtiment.
On peut trouver une grande quantité d’enduits dans les produits du bâtiment, mais ils sont lourds, rugueux, et il tiennent mal sur du bois ou du tissu. Pour les utiliser, il faut les mélanger à un liant qui va les rendre plus souples et leur permettre de mieux s’accrocher au support.
Tout ce qui peut se trouver en poudre ou en granulat va pouvoir être utilisé comme charge a conditions de prendre le bon liant. Le matièrage n’est pas une science exacte et la palette-matière servira à choisir le bon.

Le liant
Le liant sert a faire tenir les charges en leur permettant d’adhérer sur les supports qui sont à 95 % du bois ou de la toile. Il trouvera toute sa qualité dans la rapidité avec laquelle il séchera d’abord en surface puis à cœur. Le maximum qu’on peut leur demander étant quand même de 24 heures. Voici quelques liants les plus courants. ATTENTION CERTAINS NE SONT PAS CLASSÉS AU FEU.
Les résines (polyester, epoxy, eva)
Les résines prennent à cœur et en surface pratiquement en même temps, ce qui fait gagner un temps considérable. Le désavantage, c’est qu’elles sont très odorantes et peuvent provoquer des allergies. C’est un liant qui donne, dans certain cas, des matièrages, rigide et cassant. Il doit donc s’appliquer sur des surfaces stabilisées et solides.

Slastic
C’est un élastomère acrylique hydrosoluble mono composant qui forme au séchage une peau élastique très résistante. On peut y adjoindre n’importe quelle charge. Produit très performant, seul inconvénient, il est blanc, mais peut tout a fait le peindre en prenant soin d’y incorporer un peu de colorant “pigment ou biberon” pour que si la peinture prend un choc on ne voit pas apparaître la couleur blanche.

Latex
Produit intéressant, mais qui ne dure pas dans le temps (max 2 à 3 ans  comme un spectacle d’ailleurs, mais  il est tellement pratique, qu’on l’utilise quand même malgré cet inconvénient. Il existe un épaississant qu’on y incorpore pour l’épaissir.

Acétate de polyvinyle.
Polymère thermoplastique. Il est transparent. Il sèche rapidement en surface, mais il est plus long à sèche à cœur que le slastic.

Colle à bois extérieur
Plus économique,  sensiblement les mêmes propriétés que l’acétate de polyvinyle.

le peintre décorateur réalise des patines au latex
Matièrage latex

 

Sculpteur de théâtre

Le sculpteur de théâtre ou l’art de l’ornementation

Le sculpteur de théâtre réalise en volume ou en relief des formes artistiques ou des facs similés (répliques): ornementations, accessoires, statues diverses, mobilier..

Il existe trois grands types de sculptures:
Les bas-reliefs
Ce sont des sculptures à une seule face, peu profonde, qui ne se détachent que faiblement du fond dans lequel elles sont sculptées.
La ronde-bosse
Ce sont des sculptures sculptées en trois dimensions qui ne sont pas attachées à un fond, elles sont observables dans toutes les directions.
Les hauts-reliefs
C’est un compromis entre le bas-relief et la ronde-bosse. Il s’agit souvent de sculpture qui n’est reliée au fond que par un membre, une tête, le dos, etc.

Pour réaliser ces types de sculptures il existe plusieurs moyens : la taille directe, le modelage, l’assemblage (ce type de sculpture à la Tinguely consiste à assembler des objets de différentes ou de même nature de manière à réaliser un objet unique)

Sculpteur de théâtre jarre réalisé pour Comédie de Beckett
Jarre réalisée en taille direct sur polystyrène monté sur un tour

Techniques du sculpteur de théâtre:

1 – La taille direct
Ici le principe est de soustraire de la matière à un matériau sans possibilité de rajouter de la matière de départ en cas d’erreur.
À l’origine ce mot latin signifiait “tailler” ou enlever des morceaux à une pierre. Pour des raisons pratiques (la pierre n’est pas très utilisée pour les décors de théâtre), on choisira bien sûr un matériau léger, facile à tailler. En décor, on utilise principalement le polystyrène, le styrodur et la mousse bultex.
Le polystyrène

Matériau idéal pour le décor, il existe plusieurs densités de polystyrène. Plus les détails seront importants, plus la résistance à la compression sera nécessaire, plus il faudra choisir un polystyrène dense. Il faudra dans certains cas prendre du polystyrène M1. Les outils utilisés sont les brosses métalliques, ciseaux à bois, tronçonneuse, papier de verre, et d’une manière générale tous les outils capables d’arracher, de trancher ou de cisailler feront l’affaire. Les blocs pourront êtres découpés à l’aide d’un fil chaud. (attention, il faut absolument se protéger contre les émanations ultras toxiques du polystyrène coupé au fil chaud). Pour plus d’informations consultez ce site : http://www.reve-de-pierre.fr/fr/pyroscie-fil-chaud.php
Les blocs seront assemblés entre eux à l’aide de mousse polyuréthane en bombe, ou à l’aide de colle néoprène spéciale polystyrène. Une fois terminée et pour ne pas l’abîmer pendant le transport, la sculpture en polystyrène devra être recouverte de tarlatane enduite de slastic ou de colle à bois.

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Préparation de la structure de la Tuchmobile

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Pose des blocs de polystyrène sur la tuchmobile

Le styrodur
C’est un matériau plus compact que le polystyrène. Il faudra donc un peu plus insister sur les brosses métalliques. Pour le reste, il s’agit de la même mise en œuvre que le polystyrène.
La mousse Bultex

Elle se taille au couteau électrique et se coupe au fil chaud. C’est un moyen très rapide de réaliser des sculptures souples et ludiques. Il est difficile de réaliser de grande finesse sur ce genre de matériaux. Les morceaux de mousse seront assemblés par collage néoprène. Pour la finition et la protection on pourra recouvrir les sculptures avec de la tarlatane et du latex.

canape
Sculpture d’un canapé en mousse puis recouvert de latex.

2 – Le modelage

À partir d’une matière molle, on enlève ou on ajoute de cette matière pour créer la forme désirée à l’aide d’outils en buis ou de mirettes.. On utilise principalement de la terre argileuse (voir la liste des fournisseurs) ou de la patte à modeler, ou de la plastiline (pâte à modeler synthétique).. Il faudra ensuite réaliser un moulage de la sculpture.